AMEL 54 : un premier contact

 

Lors d'un passage à La Rochelle, début octobre, Antoine Rioton m'a fait les honneurs d'une visite du nouveau né des chantiers Amel.

 

 

A premier coup d'œil, l'Amel 54 affiche bien sa filiation avec ses aïeux. La silhouette générale est plus moderne et rapidement une série de différences se remarque : la largueur beaucoup plus importante de l'arrière, le maître-bau plus pansu, les capots de coffre intégrés, les hublots de coque, etc…

A l'intérieur, la disposition est sensiblement identique au SM, mais tout est différent !

Je vous propose de procéder par ordre.

 

La coque

 

Issue du bureau d'études Amel, la coque s'est allongée de 60 cm et élargie de 20 cm . Elégante avec une voute assez longue, la coque est maintenant dans ses lignes d'eau.

A la flottaison l'allongement est plus significatif, autorisant une vitesse théorique supérieure au SM. Le tirant d'eau est quasi identique. Le poids lège accuse maintenant 17,5 tonnes.

 

 

Le tableau arrière est nettement plus large et reçoit une plate-forme repliable où se loge l'échelle de bain et une douchette. Il peut intégrer sur demande une passerelle électrique qui pivote dans le coffre arrière. Le pare-choc rapporté sur la jupe arrière est réduit et en deux parties.

La coque est blanche avec une double ligne de flottaison et une liaison pont-coque bordeaux, la nouvelle couleur du chantier. Quatre hublots fixes dans la coque éclairent le carré.

 

Le pont

 

Le pseudo teck règne toujours en maître. Ce sera donc toujours brûlant pour nos pieds sous les tropiques. La méthode de fabrication a cependant changé, la disparition due aux UV des pseudos joints devrait être nettement retardée. Tout le reste du pont est blanc ou chromé, l'ensemble dégage une belle impression de luxe.

 

 

Les coffres étanches ont des capots à ras pont. Idem pour les verrouillages. Exit les rondelles Goïot à visser. Les capots de ponts ont un profil bas et une finition genre chrome. Ces montages esthétiques économiseront certainement quelques fractures d'orteils !

 

 

Le coffre arrière est immense vu l'augmentation de largeur du tableau arrière. Sur le passavant bâbord, en plus du coffre de sécurité, on trouve un grand coffre à bouteille de gaz. Deux 13 kg y logeront facilement. A l'avant, les deux coffres du SM cèdent leurs places à un grand coffre unique et profond. Le propulseur d'étrave s'y trouve également.

 

 

 

On retrouve autour et sur le roof, bon nombre de hublots et capots ouvrants assurant une bonne ventilation et un meilleur éclairage. Le dessin des bandes noires cerclées d'inox intégrant les hublots a été modernisé et est d'un bon effet.

Les taquets d'amarrages sont en inox, la rampe du bastingage est d'un diamètre supérieur au SM, mais il sera difficile maintenant d'y fixer des accessoires (BBQ Magma, tablette Marine Cuisine, etc…). Le balcon avant est ouvert, facilitant la descente à quai pour ceux qui s'amarrent par l'avant. Le siège de balcon devient standard.

 

 

 

Le davier d'étrave est un monument du genre. Prêt pour recevoir 2 ancres principales à poste, il est équipé d'un guindeau à axe vertical. Un second guideau est disponible en option. Rien que du bon.

 

 

 

Le chantier monte enfin les seuls vrais bossoirs : Simpson Davits. Un beau montage, mais attention à l'envie de charger une trop grosse annexe. Cela reste du poids mal placé.

 

Le cockpit

 

 

 

Il paraît plus petit, mais on me dit que c'est une impression. Toutefois, les 4 angles sont bien biseautés. Le barreur dispose d'un siège baquet confortable. Excellente nouveauté, le sol entre le siège et la barre est réglable en hauteur. Ceci permettra aux plus grands et aux plus petits d'avoir une bonne vision. Les trois coffres de cockpit sont toujours présents.

 

 

Un curieux vide est apparu devant la descente. Est-ce pour des raisons légales ou pour ne plus s'emplafonner le crâne dans la casquette, mais cela promet de belles chutes.

 

 

Le dessin du poste de pilotage a changé, nous retrouvons tout ce que nous connaissons déjà sur fond de tableau de bord en carbone. Look hi-tech.

 

 

La table de cockpit est plus épaisse et équipée d'un système permettant de l'installer directement toute déployée. Un peu trop de quincaillerie à mon avis, et un problème à régler : le plancher d'accès à la salle des machines ne s'ouvre plus avec la table en position repos … Il faut la relever avant d'ouvrir le plancher.

 

 

Venons-en à ce qui déçoit un peu : la casquette ou hard top. Plus enveloppante que sur le SM, elle protégera certainement bien, mais son esthétique — surtout latérale – est lourde et le dessin du hublot sans rapport avec les autres. Le dessus de la casquette intègre toujours une capote dépliante. Vu l'augmentation de la taille de la casquette, la capote est réduite. Elle est également plus haute, ce qui est plus confortable pour circuler dans le cockpit. Sa couleur est beige. Je l'aurai bien vue en bordeaux coordonné au reste.

 

 

La capote à 2 fenêtres ouvrantes vers l'avant et la casquette a ses 2 panneaux avant ouvrants. Aération garantie au mouillage et en navigation. Pourquoi ne pas imaginer ouvrants,  les panneaux latéraux de la casquette ?

 

Le gréement

 

 

Beaucoup de changements dans la mâture. Amel est passé aux barres de flèche poussantes. C'est une petite révolution pour le chantier. Le grand mât est allongé d'un mètre, l'artimon de 80 cm . Les bômes sont rétreintes. Les cadènes se sont déplacées vers l'arrière se désolidarisant des cadènes de grutage, heureusement toujours à poste.

 

 

La motorisation de voilure du grand mât n'a pas changé, tout comme le système de l'artimon. Sur l'avant un baby stay est apparu et en option une trinquette sur enrouleur. C'est la raison des barres de flèche poussantes qui évitent l'utilisation de bastaques. Les enrouleurs électriques sont maintenant des Bamar compacts, esthétiques et qui consomment peu (500W). La manœuvre en manuel se fait à l'aide d'une manivelle de winch

 

 

Le réglage des chariots d'écoute génois est modifié par un nouveau système Amel qui est moins agressif pour les doigts et les bermudas !

 

 

Exit les tangons Amel, place à un tangon classique et unique. Un second est disponible en option. Ils sont disposés sur le pont ou verticalement le long du mât.

 

La voilure

 

GV, artimon, génois et foc d'artimon sont standards, exit le balloner. La trinquette que nous attendions tous est en option, de même que le spi tri-radial ou le genaker sur emmagasineur.

Les voiles de près sont en Hydranet. Ce qui n'est probablement l'idéal pour ceux qui voyagent loin et longtemps, mais assurent les meilleures performances au bateau.

GV et artimon sont équipés de lattes verticales sur la chute qui s'enroulent avec la voile dans le mât, of course.

 

La cale technique

 

Motorisation Volvo de 110 CV. Groupe de 7 Kw (ou de 9 Kw dans le cadre de l'option Confort). La salle technique est sensiblement la même, mais elle paraît un peu plus petite. Antoine me dit que non.

Le réservoir de gasoil passe à 900 litres , idem pour le réservoir d'eau. Le bateau est maintenant fournit avec une hélice fixe, l'Autoprop repliable est en option.

Je glisse ici que le propulseur Amel n'est plus, c'est maintenant un Max Power de pas moins de 15 CV qui est monté. Ce système bien connu à doubles hélices dans un tube a été adapté par Amel pour être escamotable dans la coque.

 

Le carré

 

L'impression générale est superbe. Plus de lumière, plus de vue vers l'extérieur, des matériaux cossus, un plafond de vaigrages blancs. Ici comme partout, le sol est en teck latté (c'est du faux bois, mais bien fait et inusable). Les armoires ont maintenant des portes affleurantes. Les appliques lumineuses sont chromées. On se régale.

 

 

La disposition est la même que sur le SM, à l'exception du côté tribord. La banquette et la couchette coulissante font place à deux confortables fauteuils ceinturant un bar.

 

 

Les banquettes de la table sont bien rembourrées au niveau des lombaires. La table glisse de côté pour faciliter l'accès aux hôtes. De part et d'autre du carré, nous pouvons voir dehors par les hublots de coque. Quatre hublots ouvrant en plus du capot de pont assurent la ventilation.

Il faudra voir à l'usage si le couloir en contrebas de 12 cm par rapport au reste n'est pas gênant.

Assis dans les 2 fauteuils, on peut faire apparaître électriquement une TV LCD devant le hublot opposé pour regarder un DVD, mais c'est une option.

L'installation stéréo standard est maintenant du matériel Bose, type Acoustimass. Du beau monde pour les amateurs

 

La cuisine

 

 

Beaucoup de changements ici. Un grand congélateur (grosse isolation) prend la place du lave-linge. Il s'ouvre par le dessus. La cuisinière est une 4 becs Eno, le lave-vaisselle Bosch est mural. Tous les plans de travail sont en Corian. Un hublot de coque permet au chef coq de se distraire et un hublot de roof de s'aérer.

Au-dessus de l'évier en inox, les tableaux électriques Amel avec leurs icônes gentiment désuètes ont fait place à du matériel Amiot très professionnel.

Un second conservateur frigo est disponible à la dans une banquette du carré (option)

 

La table à carte

 

Révolution ici aussi, elle est dans le sens de la marche ! La cloison de séparation avec le carré a été réduite au minimum, ce qui permet l'élargir l'espace visuel général.

 

 

Un siège baquet cossu en cuir assurera le confort du skipper-navigateur. Lui aussi dispose maintenant d'une vue sur la mer grâce au hublot de coque et au hublot de roof ouvrant.

Par contre, l'espace dévolu à l'encastrement des instruments s'est réduit. Il va y avoir parfois encombrement!

Vu le réchauffement de la planète, la penderie à ciré à diminué de moitié.

 

La cabine de coursive

 

 

Ici, rien de bien neuf, si ce n'est que la couchette est plus haute et que l'on tient debout aisément dans le couloir.

 

La cabine arrière

 

 

Ici, on ne reconnaît plus rien… Un grand lit double central de 160 cm avec sommier à lattes, accessible des 2 côtés. Une coiffeuse-bureau pour Madame, des armoires en quantités, le lit qui se relève sur vérins, offrant encore un volume de rangement incroyable.

 

 

Amel fournit avec ce lit central, trois planches antiroulis qui garderont en principe les dormeurs à leurs places.

 

 

La salle de bain est en bonne partie contre-moulée et dispose d'une douche séparée. Un grand capot de pont peut tout aérer en un rien de temps. Le WC électrique utilise de l'eau douce, mais le Dessalator Duo fait maintenant 90L/h. Les réservoirs à eaux noires en option font maintenant 70 L au lieu de 50 L .

La seule erreur à mon avis est l'emploi de bois verni comme tablette de lavabo. Pourquoi pas un genre de Corian ? C'est nettement plus résistant à l'usage.

 

La cabine avant

 

 

Là, on se demande si on est bien sur un bateau Amel … Une énorme cabine prend toute la largeur du bateau. Sur bâbord un grand lit double et sur tribord deux couchettes superposées. La couchette supérieure peut s'escamoter pour faire un sofa de la couchette inférieure. De quoi recevoir un ou deux couples d'amis. Et l'intimité dans tout cela me direz-vous ?

 

 

Une astucieuse cloison dépliante permet de séparer les deux bords et former deux cabines isolées. C'est très bien fait et une fois fermée, cette cloison paraît être définitive. Une occupation massive de l'avant du bateau est comme nous le savons, à usage très limité.

 

 

En avant de cette double cabine, se trouve la salle d'eau avant. Elle prend également toute la largeur du bateau et n'a rien à envier à la salle d'eau arrière. Amel y a intégré un lave-linge domestique (4kg) ET un séchoir. C'est parfait.

 

Conclusions

 

Je sais, j'ai été un peu long, mais je suis très enthousiaste. Même si quelques remarques ont été formulées, c'est un digne successeur du Super Maramu 2000. Le chantier a écouté les utilisateurs de Super Maramu durant plus de 10 ans pour intégrer leurs doléances dans ce nouvel Amel 54.

En l'honneur de Monsieur Henri Amel, récemment disparu, c'est le premier modèle qui porte son patronyme.

Il ne reste plus qu'à essayer ce voilier pour se voir confirmer ses promesses nautiques. Vous savez comme moi qu'il suffit de téléphoner au chantier pour convenir d'un essai.

Si vous vous décidez rapidement, il vous faudra prendre votre envie en patience, car Amel a déjà vendu plus de 60 exemplaires et le délai de livraison flirte avec l'automne 2007.

Le prix ? Quoi le prix ! Il paraît que c'est le même prix au kilo que le Super Maramu. A vos calculettes !

 

Bien à vous tous

Patrick